Elections départementales 2015

Elections départementales 2015

Dimanche dernier, le 29 mars 2015, nous étions une moitié d'électeurs à nous déplacer pour aller voter aux élections départementales. Depuis 20h de ce dimanche-là, nous connaissons les résultats définitifs : 67 départements à droite (il y en avait 41 avant l'élection), 34 à gauche (il y en avait 61 avant l'élection) et 0 pour le FN (il y en avait 0 avant l'élection). De mon point de vue, il s'agit du mouvement de balancier traditionnel en politique en France. Ma conviction est que :

  • Ce n'était pas une victoire de la droite mais une défaite de la gauche. C'était un 6 mai 2012 à l'envers. En effet, ce jour-là, la France avait voté majoritairement contre Nicolas Sarkozy, dimanche dernier, la même France a voté majoritairement contre François Hollande.
  • C'était une vraie victoire pour le FN même si les scores finaux ne le montrent pas. Toutefois contrairement à ce qu'imagine Marine Le Pen, cela ne présage rien de bon pour la présidentielle de 2017.

Avant de dérouler ma pensée, il convient peut-être de rappeler le contexte ? Ainsi dimanche dernier, nous étions une moitié d'électeurs à nous déplacer pour aller voter aux élections départementales. Le cru 2015 de ces élections avait 3 particularités :

  • La première : Contrairement aux élections précédentes, le cru 2015 était nommé élections départementales au lieu d'élections cantonales.
  • La deuxième : Contrairement (bis) à ce que laisse supposer le nom de l'élection, ce vote était un référendum national dont la question était : « Êtes-vous pour le binôme Hollande-Valls ? ». Nous connaissons désormais le résultat.
  • La dernière : Pour répondre à la question ci-dessus il fallait voter pour un binôme femme-homme par canton.

Le mode d'élection était en revanche assez classique. Il s'agissait d'une élection majoritaire à 2 tours. C'est-à-dire que pour emporter les 2 sièges d'un canton donné, il suffisait d'avoir la majorité absolue des voix en 1 sinon 2 tours sur ce canton. In fine, le département revenait au bloc qui obtenait la majorité absolue des conseillers départementaux. Simple, n'est-ce pas ?

Le contexte rappelé, revenons aux convictions et commençons par évacuer les commentaires tièdes que je lis un peu partout sur la toile :

  • Non, ce n'était pas une victoire de l'UMP-UDI mais bien une défaite du PS et c'est normal. En effet, entre 1981 et 2002, tous les présidents de la république ont vu au moins 1 période de cohabitation. Or depuis 2002, la cohabitation est quasi-impossible, aussi depuis cette date, chaque élection locale marque une défiance vis-à-vis du gouvernement en place. Et c'est normal.
  • Oui, la gauche a perdu, aussi par manque d'unité, mais non, les électeurs n'ont pas réclamé plus de gauche au gouvernement. Pour s'en convaincre, il suffit de remarquer que si le PS chute, EEL et le PCF eux s'effondrent. Ensuite, voir un besoin de plus de gauche quand l'UMP-UDI progresse de 50% dans le nombre de départements contrôlés, c'est au mieux du strabisme sinon de la cécité.

En revanche, je pense que la victoire, revient clairement au FN. Est-il utile de rappeler que le FN est passé de 1 conseiller général à 62 conseillers départementaux ? Ou encore qu'en nombre de voix, au second tour, là où il était présent, le FN n'est pas loin de l'UPM-UDI ? Cette forte progression s'explique, de mon point de vue, par 4 facteurs :

  • Le taux de chômage : Sous Nicolas Sarkozy, ce taux est passé de 8,5% de la population active à 9,5%. Sous François Hollande, pas mieux, ce même taux est passé de 9,5% à 10,5% de la même population active. Ce constat conforte la thèse selon laquelle, ni l'UMP, ni le PS n'a les solutions pour influer sur la courbe du chômage.
  • Le sentiment que les valeurs se perdent : Inutile de revenir sur les affaires Cahuzac à gauche ou Bygmalion à droite qui justifient (aux yeux des électeurs FN) le credo « tous pourris » ou son corollaire « on a tout essayé sans succès alors autant tester le FN ».
  • Le talent oratoire de Marine Le Pen : De mon point de vue, il n'y a pas de grand parti sans grand leader. De plus, le message de Marine Le Pen est relayé par de petites mains et voix motivées qui parcourent les territoires pour faire infuser le message.
  • Le coupable désigné de tous nos maux, c'est Bruxelles : Comme on le sait tous, l'euroscepticisme a la cote en Europe. Qu'ils s'appellent Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, peu importe, être contre Bruxelles c'est un bon filon. Toutefois, ne mélangeons pas tout. Si ces 3 partis refusent tous le traité de Lisbonne, Le FN est le seul (par exemple) à réclamer la préférence nationale.

Je pense que le FN a globalement réussi ces élections départementales et devrait encore mieux réussir les futures élections régionales. J'y reviendrai dans un autre billet. Néanmoins faute d'alliance, la « success story » s'arrêtera là. En effet, à tort ou à raison, une proportion majoritaire des électeurs continue de penser que le FN n'est pas un parti politique comme les autres. Dit autrement, une majorité des votants pense que les dérapages xénophobes voire racistes et/ou homophobes de certains candidats ou dirigeants du FN en font un parti à part. Néanmoins on constate que cette proportion d'irréductibles diminue d'élection en élection.

Pour finir, cette majorité d'irréductibles est peut-être elle-même le véritable front anti-Marine-Le-Pen. Concrètement, un électeur aux départementales 2015 du FN, pourrait légitimement se questionner sur l'intérêt de voter FN dès le premier tour de l'élection présidentielle 2017. En effet, vu que sa candidate de cœur sera battue au second tour, faute de réserve de voix, voter pour elle au premier tour, reviendrait à voter pour son potentiel adversaire au second tour.

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