L’extension des noms de domaines
Petit interlude historique : Internet est une invention américaine. Sur Internet, un ordinateur est identifiable grâce à son adresse IP, lorsque l'ordinateur est un site Internet, des serveurs DNS (Domain Name System) permettent d'y accéder par une adresse logique : le nom de domaine. Un nom de domaine se termine par une extension. Ce sont les fameux « .com » et « .org » qui permettent de classer les acteurs par domaine d'activité. Lorsque Internet est sorti des frontières américaines, un système d'extensions géographiques a été mis en place : « .fr », « .uk », « .de » ... Il y en a environ 250. Les extensions géographiques (les ccTLD) sont administrées par le pays auquel elles sont naturellement associées. Pour le « .fr » c'est à l'Afnic (Association française du nommage de l'Internet en coopération) qu'il faut s'adresser. Tant qu'on est en France, je signale que c'est officiel, l'Afnic ouvrira le « .fr » aux particuliers le 20 juin 2006. Cela signifie qu'à partir du 20 juin, toute personne majeure et disposant d'une adresse postale en France pourra déposer un nom de domaine en « .fr ». Jusqu'à cette date, seuls les personnes morales, les entreprises, les professionnels, les associations et les organismes publics, ayant une existence légale en France ont ce droit.
C'est une organisation à but non lucratif, l'Icann (Internet Corporation of Assigned Names and Numbers), qui alloue les adresses IP et valide les nouvelles extensions. Elle a été créée en 1998 par le président Clinton pour gérer les treize serveurs root du DNS d'Internet. Ces treize machines, sont réparties dans le monde : dix sont aux Etats-Unis, une au Royaume-Uni, une au Japon et une en Suède. Le fonctionnement des treize serveurs est assez simple : Il y a un serveur maître, le fameux serveur « A » et douze copies. Si une modification correspondant à la création d'un nom de domaine n'est pas opérée sur le fichier du serveur « A », le nom de domaine n'existera pas.
Qu'un organisme même a but non lucratif ait le pouvoir absolu sur Internet est assez inquiétant, mais ce n'est pas le pire. En effet, l'Icann dépend du gouvernement américain et plus spécifiquement du département du commerce, et ce dernier ne se prive pas pour verrouiller tout ce qui concerne Internet. J'ai déjà parlé de la création de nouvelles extensions qui dépend in fine du département du commerce américain. J'ai également parlé de l'ajout d'un nouveau nom de domaine qui ne peut se faire sans l'autorisation du département du commerce américain. Patience il y a mieux : un changement de gestionnaire au sein d'un pays, ou même l'ajout de serveur de nom pour un pays doit être avalisé par le département du commerce américain. Lorsqu'un gouvernement veut déléguer la gestion de son extension à un nouveau gestionnaire, il doit au préalable obtenir l'accord des Etats-Unis et signer un contrat de droit américain. Alors, c'est qui le maître du monde ?