A égal ego
Un sondage publié hier sur France 2 et dans Le Monde indique que 63% des Français déclarent ne pas approuver la décision du Premier ministre, Dominique de Villepin, de maintenir le CPE. Je n'ai pas participé au sondage mais je me reconnais dans ces 63%. Je ne pense pas que le CPE soit dans le fond pire qu'un CDD de deux ans. C'est juste un ghetto qui remplace un autre ghetto. La vérité est ailleurs. Non, je me reconnais dans les 63% parce que j'estime qu'en 1995, 53% des personnes interrogées disaient rejeter le plan de réforme de la sécurité sociale d'Alain Jupé. A l'époque Dominique de Villepin avait conseillé à Jacques Chirac de dissoudre l'assemblée nationale, de renvoyer le premier ministre et de convoquer des élections anticipées. Il serait de bon ton que le Premier ministre appliqua à lui-même ses propres recettes.
D'un problème idéologique voire vaguement économique le CPE est devenu une affaire d'ego : 8,2% c'est la proportion de salariés syndiqués en France. Les grands syndicats traversent une crise. L'effondrement du secteur primaire, le délabrement du secteur industriel et l'ascension du tertiaire, suffisent à expliquer ce phénomène. On comprend mieux pourquoi cette confrontation est vitale. En cas de réussite, elle restaurera un peu de la splendeur d'antan et punira le gouvernement au sujet du CNE et des retraites. En face, Dominique de Villepin dit qu'il est ouvert au dialogue mais sous-entendu, tant qu'on ne change rien au texte. Je pense qu'à aucun moment il n'a douté de sa victoire sinon il aurait déjà reculé. De plus devenir le premier à mater « la rue » peut donner des ailes. Dommage, car ce faisant il se comporte comme un autocrate et je doute que les urnes lui donnent raison. Quoiqu'il en soit, les semaines qui viennent désignerons le plus fervent adepte du jusqu'au-boutisme.
Pour moi il existe une façon courageuse de sortir de ce conflit. Le CPE ne résoudra pas le problème de l'emploi des jeunes. Il est donc inutile de s'y accrocher. A la place, je pense qu'il est plus judicieux d'engager une grande discussion visant à simplifier le code du travail. Car c'est là le problème : les ghettos. L'idéal serait un contrat unique dans lequel les droits des salariés augmenteraient avec l'ancienneté. Je pense que tout le monde a compris que l'heure était à la flexibilité. Ce que la rue réclame c'est que cela s'applique à tous et pas qu'aux jeunes. Dans le « tous », j'inclus les dirigeants. Au nom de quoi le président de « Vivendi Universal » aurait droit à un « golden parachute » lorsqu'il est viré et son employé une « pomme golden » pour la même action ?