Un été au Canada

Un été au Canada

Après quelques semaines passées au Canada et à quelques jours de mon retour en France, je m'arrête pour écrire ces quelques lignes sur mon voyage. Je n'ai parcouru que l'est du Canada, ce qui correspond aux provinces de l'Ontario et du Québec. Le Nouveau-brunswick ce sera pour un prochain voyage. Si je devais résumer le Canada en deux mots, j'utiliserai « espace » et « érable ».

L'espace c'est d'abord la superficie du pays 9 984 670 Km² pour 32 millions d'habitants. Ces chiffres sont à comparer aux 9 574 479 Km² de la Chine et son milliard d'habitants ou 675 417 Km² de la France et ses 60 millions d'habitants. Faîtes les comptes, ça donne une belle surface pour chaque Canadien. Le Canada est donc un pays sous-peuplé, ce qui dynamise la construction d'ensembles immobiliers (condominiums, maisons individuelles, immeubles …) contrairement à la France où l'essentiel du marché équivalent est constitué de reventes. Pour un Grenoblois d'adoption, comprendre pour un habitué des montagnes, la première chose qui édifie à la traversée du Canada c'est l'espace accordé à la végétation. C'est simple, je n'ai jamais vu une flore aussi dense à l'intérieur et à l'extérieur des villes dans un pays au climat non tropical. Les parcs sont nombreux, étendus, somptueux et bien entretenus. L'espace c'est également les nombreux véhicules 4x4 et volumineux (SUV, Van, pick-up …), les canadiens adorent le bitume sur quatre roues et le réseau routier le leurs rend bien. Là où la France pousse le chemin de fer pour connecter les mégapoles, le Canada est maillé par des routes nationales et des autoroutes toutes gratuites. Ce tout-en-automobile pose évidemment des problèmes de pollution et de coût des voyages avec la montée du prix des carburants.

Je le disais tantôt le Canada c'est également l'érable ou plus précisément la feuille d'érable bien en évidence sur le drapeau Canadien. Au « marché by » dans la ville d'Ottawa, on trouve de l'érable à toutes les sauces : sur les objets souvenirs (drapeaux, briquets, canifs …), sous forme de sirop ambré ou non, sous forme de biscuits ou gâteaux et j'en oublie. De l'érable en veux-tu ? En voilà ! Toutefois cette addiction à la feuille d'érable m'a semblée plus forte à Ottawa qu'à Montréal. Mon sentiment sur tout ça est que cela reste bon enfant et cela donne lieu à quelques niaiseries (i.e. blagues en français de France) bien savoureuses.

Le Canada c'est donc neuf provinces dont deux francophiles : le Québec et le Nouveau-Brunswick. Cette particularité permet de comprendre le français parlé au Canada, car contrairement à l'idée que je m'en faisais il n'y a pas que les intonations qui divergent, la construction des phrases et les mots sont également spécifiques.

Au Canada les francophones sont entourés d'anglophones, cela explique cette croisade et cette volonté de défendre la langue francaise, quitte à être plus royaliste que le roi. En effet, il faut l'avouer en France nous acceptons très (trop ?) facilement d'intégrer un terme étranger sans chercher si un terme français pourrait convenir ou s'il n'était pas plus judicieux d'en créer un nouveau. C'est particulièrement criard dès qu'on parle technologie. Justement en Informatique, des Canadiens on connaît les classiques courriel et pourriel qui désignent respectivement e-mail et spam largement usités en France. En me rendant au Québec, j'ai découvert « plaisir du jeu » pour « gameplay » et « bâton de joie » pour « joystick » (sans commentaire). Les Canadiens ne se contentent pas de traduire les anglicismes, ils génèrent de nouveaux mots ou de nouveaux sens : « truchement » qui signifie interprète, « niaiserie » employé plus haut et qui désigne une blague ou une idiotie, « bûcher » pour couper du bois, « le solage » pour parler des fondations d'une maison, « beigne » pour beignets, « blonde » pour petite-amie et j'en oublie.

Pendant mon périple, j'ai connu l'autre versant moins glorieux de cette cohabitation avec les anglophones : les Canadiens mélangent les genres des noms communs. Comme vous le savez, en français les noms communs ont un genre : chien c'est masculin et tortue c'est féminin. C'est un point de divergence avec la langue anglaise qui occasionne beaucoup de tourments aux anglophones francophiles. Les Canadiens francophones qui vivent entourés d'anglophones ont connu les mêmes tourments et ont résolu l'équation en féminisant tout ce dont ils ignoraient le genre ! C'est ainsi que job, avion, sandwich, escalier et ascenseur sont féminisés au Canada.

Pour conclure sur ce voyage, je dirais que vingt jours c'est définitivement insuffisant pour découvrir un pays aussi riche que le Canada. J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir et à photographier les paysages et les villes du Québec et de l'Ontario. Les Canadiens que j'ai rencontrés m'ont encouragé à apprécier leur pays. Petit bémol, pour être totalement honnête, j'avoue que la logique mercantile que j'y ai constatée a quelque peu tempéré mon enthousiasme. Je ne suis pas naïf et je peux comprendre que pour certains la culture n'ait d'intérêt que si elle rapporte. Toutefois, sans être croyant, je ne suis pas persuadé que faire payer l'entrée de la basilique Notre Dame à Montréal soit du plus bel effet.

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